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#03
JANVIER 2009

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L'ÉDITO

On aimerait avoir le génie d’un Didier Dagueneau. Etre capable de faire les plus grands

sauvignons du monde sans se la jouer. Adorer les vieux tout en faisant un bras d’honneur aux institutions poussiéreuses. Etre un grand vigneron et devenir l’un des meilleurs mushers de sa génération. Se passionner pour la littérature sans se gaver de grandes phrases. Admirer tout ce qui mérite de l’être avec une sentencieuce déclaration : « De toute beauté! » . Faire connaître Pouilly-sur-Loire dans toute la planète sans être candidat aux municipales. Parce que le local impose parfois les limites d’un bocal. Gloups !

Avant de s’envoler définitivement là-haut, aux commandes de son Ulm, à la veille des vendanges, ce pur sang du terroir au physique de Christ et au charisme de messie a su prouver qu’une spectaculaire affirmation de soi vaut mieux que dix affligeantes condescendances… Ne pas hurler avec les loups, laisser les loups se dévorer entre eux, être loup soi-même, au plus profond de son être, mais avec la plus grande noblesse, sauvage et racé, cela n’appartient pas à tout le monde. Ce « loup » auquel son ami l’universitaire Jacky Rigaux écrit dans l’au-delà avec une vibrante émotion (Voir notre premier chapitre page 84), avait le talent des leaders humanistes et indépendantistes. Il avait inscrit quelques phrases essentielles dans sa cuverie. Gérard Oberlé, l’écrivain frère de coeur (voir aussi notre précédent numéro) y est cité, bien évidemment. Tout comme le Che, avec sa célèbre maxime : « Soyons réalistes, exigeons l’impossible ! »

Soyons réalistes, évitons l’impossible aussi. Ce monde en crise met sa lumière sur le grand n’importe quoi. Sur des gamins de trente ans, qui jouent des milliards d’euros avec la bénédiction de dirigeants irresponsables. Sur des groupes monstrueux, qui remontent ou démontent leur haut de bilan en passant par quelques paradis fiscaux et en activant le développement de la pauvreté. Sur le cynisme des gens de la finance. Sur la fébrilité des petites gens face au pouvoir en place. Sur la légitimité régalienne et abusive dont se parent les notables, laquelle s’effrite lamentablement dès qu’ils rencontrent un loup plus hargneux qu’eux. Tout cela, c’est fini ! Plus personne ne trompe personne. La duperie a fait long feu. Art de vivre en Bourgogne , plus Bourgogne magazine  que jamais, raconte comment un pavillon bhoutanais, après sept années de « réflexion » dans la discrétion de containers entreposés dans la banlieue mâconnaise, peut être réveillé. Il met l’accent sur ce parallèle saisissant entre 2009 et 1929, deux années de crise.

Il s’immisce dans l’univers intrigant du sombre Philippe Bouin. Il se fend la poire en imaginant la tête des « parigots tête de veau »  quand ils vont apprendre, de la plume incontestable d’un géologue de haut niveau, que ce n’est pas la Seine qui passe sous le pont de l’Alma mais l’Yonne.

Il milite pour l’aménagement du territoire, en mettant en perspective les grands projets qui puisent dans l’histoire les ressources intelligentes. Il vante ces projets qui font de Vercingétorix un as « touristix » (Alésia), de Vix un vase sans fond (Châtillon) pour sortir un pays de l’oubli, d’Auberive une abbaye pour l’art brut et singulier… de Colombey-les-deux-églises une nouvelle chapelle à la hauteur du grand Charles. Il confesse, grâce au père trompettiste Thierry Caens qui fait ses gammes dans le confessionnal, le bon chanteur-musicienhispanico- burgonde Daniel Fernandez. Pendant ce temps, il y’en a qui débarquent avec la délicatesse d’un éléphant dans un magasin de porcelaine pour « réinventer » la presse de territoire. Sous prétexte qu’ils ont quelques centaines de milliers d’euros à dépenser pour « combler un manque »  qui n’existait pas puisque nous avons toujours été là. L’éléphant dont il est question a grossi dans les cercles soi-disant vertueux d’une banque qui, mutualiste dans ses gênes, a cédé aux sirènes des médias avec un appétit de loup en famine. Au bas de l’échelle, ses petits lieutenants, croyant détenir « leur » vérité, disent qu’ils vont « faire aimer la Bourgogne »  avec des phrases que Bourgogne Magazine vous a déjà servies il y a près de quinze ans. On y était déjà. Beaucoup de nos abonnés aussi. Affligeant. Petit. Bas de gamme et pas très classe. M’enfin ! comme dirait Gaston. Aussi, en repensant à Dider Dagueneau, on ne mettra pas un bras d’honneur sur le fronton de nos (modestes) prétentions. Mais on le dira une fois au moins, la main sur le coeur : un petit chez soi c’est quand mieux qu’un grand chez les autres. Avec un bon judru moelleux, des amis, des vrais ceux-là, qui vous parlent de tout et de rien, de ce tout qui n’est pas rien, de ce petit rien qui pourrait tout changer. Le rondouillard saucisson devient alors le serviteur d’un verre de silex dont la pureté illumine la conversation. C’est beau la Bourgogne, sous la signature commune du cochon et du sauvignon. « De toute beauté !»,  aurait dit un être rieur posé sur son nuage.

Dominique Bruillot

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