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#04
AVRIL 2009

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L'ÉDITO

Un professeur de cardiologie dans l’enceinte sacrée du château du Clos de Vougeot : l’affaire a des allures de provocation. Pourtant, le spécialiste est accueilli en grandes pompes, le coeur battant, par les 200 dégustateurs de la séance de printemps du Tastevinage. Le grand maître et le grand connétable de la confrérie des Chevaliers du Tastevin ont, il est vrai, de bonnes raisons de choyer leur invité. L’un comme l’autre ont été suivis par lui, de belle manière si l’on en juge la verve et l’oeil vif qui les caractérisent. « La coupe est pleine, notre tastevin déborde  », ajoute même un sentencieux et déterminé Vincent Barbier, agacé et plus encore que cela par les attaques en règle dont le vin fait l’objet. Alors, quand le professeur Cottin monte sur l’estrade, un silence religieux règne sous les voûtes cisterciennes.

Le public ne sera pas déçu. Un pluie de statistiques sérieuses, rigoureusement suivies, lui donne raison. Yves Cottin manie le verbe aussi bien que le bistouri. Il se lâche, détend l’atmosphère, fait rire aussi,

rapport scientifique entre les mains.

Tout d’abord, si le cancer tue toujours autant en France, au cours de ces trente dernières années, c’est nettement moins vrai pour les maladies cardiovasculaires. Dans le même temps, autre bonne nouvelle, cette cause de mortalité est atténuée si l’on consomme un peu de vin. Mais ici, pas de parité. L’effet vaut pour un verre seulement par jour chez les femmes, deux chez les hommes. Désolé mesdames !

Une étude menée auprès de près de 9 000 hommes d’un âge moyen de 57 ans, pratiquant un peu d’exercice quotidien (30 minutes) et faisant attention à la nourriture, démontre de la même façon queles risques diminuent avec une consommation raisonnable. Même constat encore pour le mauvais cholestérol, la pression artérielle, le diabète.

Et quand il met en parallèle les effets, à taux d’alcool comparable, du vin, de la bière, du whisky et du pastis, le professeur fait un… tabac. Rassuré, son public passionné mais modéré applaudit des deux mains. « Les vraies menaces viennent en fait de l’obésité et du diabète  », rappelle l’intervenant avec, en toile de fond, une drôle de photo prise aux Etats-Unis par un autre éminent professeur bourguignon, Luc Rochette. Sur l’image, on voit plusieurs ambulances en attente. Derrière elles, l’enseigne d’une grande marque de hamburgers. Tout un programme. L’ennemi est là. C’est la malbouffe.

Du coup, on laisse causer les pisse-froid et on remonte à grand coups de nageoires le cours de la marée bien pensante. C’est le moment de trinquer sans boire la tasse. Santé!

Dominique Bruillot

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