#08
JANVIER - FEVRIER 2010
Couverture nationale
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L'ÉDITO
Bizarre, comme c’est bizarre. Bourgogne Magazine consacre un large dossier à la spiritualité mais rien aux moines de Cîteaux. Bizarre, comme c’est bizarre…
On parle de Cluny, 1 100 ans après sa naissance. On revient sur les aspirations du temple bouddhiste de Kagyu-Ling. On se répand un peu sur le sort incertain de Pontigny. On évoque le phénomène lié à Bernadette Soubirous, dans la région Nevers. On s'intéresse à l’après-frère Roger à Taizé. Sur Cîteaux, rien. Rien de rien.
C’est que Cîteaux vit sans aucun doute l’une des années les plus importantes de son histoire. Là-haut, tout là-haut, non pas dans le ciel mais au pays des Vikings, quatre moines écrivent une nouvelle page de cette histoire. A Munkeby, dans le Trondelag, la province centrale de la Norvège, ces frères (Joël, Cyril, Arnaud et Bruno), ont entrepris la mission de fonder un nouveau monastère. Avec la bénédiction de la maison-mère. Plus de neuf cents ans après Robert de Molesme, le destin monastique trouve une nouvelle raison d’être.
Pour cela, pour le silence que cette démarche étonnante suggère, Cîteaux n’est pas « convoqué » dans notre dossier. Parce que c’est sans aucun doute l’événement le plus important de la Bourgogne en ces temps de disette spirituelle. Parce qu’il faut laisser à cette mission sa vie en dehors du temps, le temps, justement, qu’elle prenne forme.
Alors, pendant que nous nous excitons sur nos difficultés quotidiennes, pendant que nous prétendons vivre les pires moments de notre existence, l’espoir renaît de la sorte à proximité des eaux bleues (ou grises ?) du fjord de Trondheim. Cîteaux n’a pas créé de monastère depuis cinq siècles. Dans le silence monacal, cette entreprise ne se prête pas, pour l’instant, à l'agitation médiatique.
C’est cela, sans doute, la leçon que nous retirons de ce début d’année que nous avons décrétée spirituelle. Il y a ce que l’on voit, ce que l’on ressent, ce que l’on imagine et ce qui existe malgré nous. De cela, nous pouvons parler. Puis il y a ce qui émerge, avec la foi, l’engagement, et l’absence de tout calcul. Trop tôt pour en parler. Trop juste pour le comprendre. Cela viendra en son temps. Nous y veillerons.
En attendant, chers lecteurs, profitez de ce numéro pour (re)visiter le sens profond de la Bourgogne. Imprégnez-vous des inspirations qui font définitivement de cette région un territoire d’exception. Vivez pleinement le peu de pureté que ce magazine prétend vous apporter. Notre Bourgogne est en tout point exceptionnelle. Depuis quinze ans, nous ne cessons de la (re)découvrir. Elle nous sublime.
”
Dominique Bruillot
AU SOMMAIRE
La Bourgogne est une terre spirituelle. Une évidence touristique qui ne doit pas nous faire oublier les origines profondes de ce particularisme. Entre le devenir de Taizé cinq ans après le meurtre de frère Roger, le succès quasi-mystique du pèlerinage entretenu autour de sainte Bernadette à Nevers, les enjeux de Cluny 1100 ans après sa naissance, l’incroyable parcours du temple bouddhiste de Kagyu-Ling (pour ne citer qu’eux)… il y avait bien matière à enquêter.
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Historique ou onirique, spirituelle ou sensuelle, rurale ou urbaine, sauvage ou civilisée… La Bourgogne du Sud se décline au pluriel à travers cette galerie d'images emblématiques qui nous renvoient aux multiples visages de la région et, toutes réunies, reflètent son identité unique.
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Beaumont-sur-Grosne, petit village de la Bressse chalonnaise, compte à peine 300 habitants, quelques chevaux, un « arbre de la Liberté »… et un ténor mondialement réputé qui aime à s’y retrouver entre un opéra à New York et un enregistrement à Berlin. Non content d’y habiter, le haute-contre Jean-Paul Fouchécourt réalise ici le projet de sa vie : une Ferme aux Arts qui promet de devenir un lieu d‘échange, de rencontre et d’exposition dédié à la chose lyrique.
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Les Autres Numéros