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#31
MAI - JUIN 2013

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L'ÉDITO

Derrière la dauphine se cache toujours une reine. Celle qui fut créée par la régie Renault, au milieu des années cinquante, devait épauler sa majesté la 4CV, alors un peu seule en tête des ventes. Mais la Dauphine au losange prit finalement le large, écrasant de toutes ses rondeurs ses concurrentes, devenant pour un bout de temps le symbole d’une France qui avance… avec 30 chevaux sous le capot. Pas au-delà de ses terres, malheureusement. Preuve en est de cette cocardière et chauvine attitude, dès que Renault tenta de la placer outre-Atlantique, les Américains, plus cossus dans leurs goûts, lui préférèrent leurs paquebots gourmands.
En attendant, cette Dauphine en a vu des bornes sur la Nationale 6. Elle était la compagne des longues virées sur la route du Soleil, des pique-niques improvisés au bord du macadam. A cette époque-là, mesdames et messieurs, on n’avait peur de rien. Surtout pas de l’odeur du goudron chaud, des effluves d’essence et des coups de vent qui faisaient voler la nappe vichy au passage des camions. A cette époque-là, mesdames et messieurs, traverser la Bourgogne, sur une voie aussi buissonnière que fréquentée avait un sens.
Les temps ont changé et l’autoroute a indiscutablement sécurisé la transhumance. Mais il semblerait, après des années d’oubli, que les voyages à la papa ont à nouveau trouvé preneur en Bourgogne. A bord d’une Dauphine ou d’une Deuche par exemple, dans la montée de La Rochepot, la musique d’un moteur qui en veut se mélange harmonieusement avec celle de la paisible nature bourguignonne. Certains, comme Patrick, notre collectionneur de Bugatti (voir en page 32) ont carrément fait le choix de prendre pied dans ce merveilleux terroir à vieilles guimbardes, pour cultiver leur passion entre arbre à came en tête et pinot noir.
Ceci n’est que la partie visible d’un phénomène montant. Nos vignobles sont le socle d’un œnotourisme gentiment vrombissant qui ne choisit pas entre boire ou conduire, mais cumule les plaisirs de la dégustation et de la découverte. Nuance, mesdames et messieurs, on ne transgresse pas les règles. On imprime, à quelques tours de roue du circuit mythique de Prenois, où d’autres peuvent libérer les chevaux à leur guise, le juste rythme d’une flânerie culturelle dans nos vignes. Au rythme de la Dauphine, la Bourgogne est une reine, qu’on se le dise. Allez, en voiture Simone !

Dominique Bruillot

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