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JUILLET - AOÛT 2013

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L'ÉDITO

Entre poire et fromage, le gouvernement n’a pas choisi. Il a servi un peu de son gâteau surprise à tout le monde, ou presque. Beaune, c’était à prévoir, est mise à la diète malgré sa belle appétence pour le projet. Il n’y aura donc pas une Cité de la Gastronomie mais un réseau de quatre cités de la Gastronomie. Ce verdict « Ecole des fans » encourage les bons élèves à poursuivre leurs efforts. Tours la rabelaisienne, Rungis la marchande, et Lyon – après avoir tapé du pied pour entrer dans le jeu –, auront toutes un rôle. Enchaînées, elles incarneront l’illustration territoriale d’un repas à la française inscrit au patrimoine de l’Unesco.

L’affaire a été annoncée toutes trompettes sonnantes en juin, par quatre ministres sentencieux, en présence d’autant de délégations que de villes dans le réseau consacré. En attendant les prochains réglages, la feuille de match est distribuée. Au Centre, l’histoire et la pédagogie. En Rhône-Alpes, le volet « scientifique ». En région parisienne, marché oblige, la formation. Dijon, quant à elle, profite de son aura de porte d’entrée de la Côte de Nuits pour consacrer le vin. Beaune n’a qu’à s’occuper de ses ceps.

Malgré tout, nul ne peut nier les attentes du Pôle de compétitivité agroalimentaire Vitagora, basé dans la capitale bourguignonne. Ce puissant lobby revendique une action autour du goût, de la nutrition et de la santé. Dans son sillage, le milieu universitaire, l’Inra et d’autres organismes ont une expertise indéniable à faire valoir. Tous attendent de cette future Cité de la gastronomie promise pour 2016 par François Rebsamen (54 millions d’euros d’investissements), qu’elle dépasse l’effet d’annonce et l’étiquette sommaire qui lui a été attribuée.

Le vin, c’est bien. Aller sur des terrains plus expérimentaux, c’est encore mieux. Les industriels eux-mêmes, SEB en tête, ne cachent pas leur impatience et veulent être rassurés sur ce point. Le projet dijonnais veut s’appuyer sur des financements privés. Il devra faire valoir ses droits dans le système imposé par l’Etat, surtout au regard de Lyon dont le terrain d’action pourrait se superposer avec de telles envies.Mais la table (que diable !), que nous chérissons par-dessus tout, ne se déguste-t-elle pas avec la fourchette du plaisir ? Alors, histoire de se détendre les mâchoires autant que les zygomatiques, les géographes les plus avisés de la rédaction ont planché sur une épineuse question : mais où est donc le centre gravité du quadrilatère formé par Rungis, Dijon, Lyon et Tours ? Mais oui, où est-il ? Carte à l’appui, on vous donne la réponse : Saint-Malo-en-Donziois, 135 habitants.

Bourgogne Magazine n’appartient à aucun parti et prône la défense du territoire bourguignon. C’est donc un immense honneur que d’apprendre à nos lecteurs, que la cité idéale de la gastronomie, à en croire ce juste équilibre savoureusement calculé, est en Bourgogne, dans la Nièvre, pas très loin de Varzy. L’information nous vaudra sans aucun doute la reconnaissance éternelle (ou la cerise sur ledit gâteau) des défenseurs de notre territoire. Pour fêter cela, nous avons même le projet de réunir quatre cuisiniers des cités de la gastronomie désignées en plus haut lieu en ce seul point stratégique, pour tenir un grand banquet républicain. Peut-être convoquerons-nous alors la mémoire d’un épicurien, enfant du pays, poète et pamphlétaire du XVIIe siècle, le prieur Jacques Carpentier de Marigny. L’homme n’avait pas peur de se gausser de Mazarin. Son talent aurait pu plaire entre la poire et le fromage.

Dominique Bruillot

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