#46
DÉCEMBRE 2015 - JANVIER 2016
Couverture nationale
Couverture Côte-d'Or
Couverture nationale
L'ÉDITO
À l’échelle du monde, que pèsent le centre-ville de Dijon ou le Morvan ? Rien mes amis. A l’échelle du monde, que valent le crémant de Bourgogne ou les anis de Flavigny ? Rien de rien qu’on vous dit. Pourtant, c’est ce qui nous préoccupe. L’environnement qui est le nôtre au quotidien, l’art de vivre qui en résulte sont les bases de nos valeurs, les fondations de notre existence. Sans eux, sans nous, la vie serait aussi neutre et terne qu’un forum sur internet. Sans eux, sans cette proximité qui nous rassemble, que pourrions-nous construire de concret ?
En cette fin d’année, placée sous la menace protéiforme du terrorisme et de la misère du monde, s’intéresser aux saveurs qui forgent notre palais, à la culture qui fait de nous ce que nous sommes, est un acte qui peut paraître dérisoire. Mais c’est bien cela, finalement, qui nous donne le courage d’être debout, de défendre ce qui a du sens à nos yeux de provinciaux enracinés. Nos territoires sont le plus sûr socle de notre équilibre. Cela ne veut pas dire, pour autant, que nous ne nous intéressons pas aux autres. Mieux, cette conscience militante de notre art de vivre, tout en voulant la partager avec d’autres, est le plus solide des remparts contre l’idéologie radicale. Cela se ressent au plus profond de nos pays qui, dans le labyrinthique remaniement territorial « savamment » orchestré par les politiques, cherchent à se distinguer. Chacun y a va de sa petite histoire, de sa méticuleuse commémoration pour se reconstruire une identité.
Le Morvan par exemple. Vidé de sa substance par l’exode, le poumon vert de la Bourgogne compte sur ses villes portes pour entretenir sa vitalité. Il n’a pas bien le choix car demain, qui portera son destin ? Une région plus vaste ? Bof. Un pays légitimement obsédé par les menaces qui l’ébranlent ? Pas mieux. Bref, on va garder notre ligne et continuer à évoquer cette richesse patrimoniale qui fait de la Bourgogne une région à part, une région qui est notre fierté. Nous ne nous laisserons pas abattre et continuerons à vous servir de belles pages pleines d’admiration et d’amour pour les bâtisseurs de l’existence que sont les artisans de notre âme, ces hommes et ces femmes qui agissent pour le bien de leur territoire. Vive la Bourgogne et large soif !
”
Dominique Bruillot
AU SOMMAIRE
C'est à lui que les élaborateurs de crémant de Bourgogne ont confié la direction de l'ouvrage de référence qui consacre « deux siècles d'effervescence » et célèbre les 40 ans de l'appellation : journaliste, écrivain et homme politique, Jean-François Bazin sort de sa bulle et nous dit déjà beaucoup de cette pétillante histoire débutée en 1830 avec Alfred de Musset et le succès du fameux « bourgogne mousseux ». Entretien à « bulle-pourpoint ».
Le Morvan se mérite. À défaut d’être immédiatement accessible, le poumon vert de la Bourgogne se découvre à partir de ses « villes portes ». Chacune de ces entrées sur le massif a aussi son rôle pour la survie de ce pays. Chacune d’elles est une clé pour comprendre les enjeux de ce morceau de Massif central fixé au beau milieu de la région. Y aller, c’est déjà la première étape pour décrypter la complexité territoriale de la Bourgogne, et s’offrir un digicode pour en pénétrer l’identité.
Suite à la parution du catalogue La donation André H. Biard, édité par l’écomusée de la Bresse bourguignonne, une galerie de tableaux et dessins inspirés par la gente féminine, dont bon nombre réalisé par des peintres saône-et-loiriens, issus de cette collection unique conservée au musée de Louhans.
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Passé maître dans la représentation épurée de l’instant animal, Michel Couqueberg ne serait-il pas doué aussi de l’instinct animal ? Le sculpteur a fait de son vaste atelier du Moulin à Orgeux (Côte-d’Or), la plus poétique et la plus irréelle « ménagerie » de l’art qui soit.
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À la fin du XVe siècle, les habitants de Dijon formaient un peuple de « grands buveurs » nous disent les textes. Loin de vouloir renouer avec ce genre de débauche, la capitale de la Bourgogne veut mettre à profit l’inscription de son secteur sauvegardé au Patrimoine mondial universel pour réveiller sa mémoire vineuse. Bienvenue à « Dijon centre-vigne », pour un voyage dans le Dijon viticole d’hier et d’aujourd’hui.