#54
JUILLET 2017
L'ÉDITO
La magie des mots n’est rien sans celui qui en possède le sens et en maîtrise la douce musique. Pour s’en convaincre, sur les conseils de notre ami et confrère Bernard Lecomte, Bourgogne Magazine s’est donc offert, en un seul numéro, les signatures de Stendhal, Colette, Maupassant, Miller, Poupon, Lamartine et quelques autres. Rien de moins. Ces saines lectures à la gloire de la Bourgogne devraient nous aider à passer un bel été, en dehors de la perspective commune (et souvent vaine) des plages azuréennes. À la gloire de qui avez-vous dit ? De la Bourgogne ? Certes oui, dans la globalité (là, comme chez certains politiques, on fait les questions et en même temps les réponses), mais entre les lignes, cela mérite attention. Prenons le cas d’Henri Miller par exemple. Prisonnier de sa météo amoureuse, plutôt instable, il répercute ses humeurs sur sa façon de décrire les lieux qu’il traverse.
Dijon en prend pour son grade le matin ; puis Auxerre, le soir-même, devient l’une des sept merveilles du monde. Chez les maîtres du mot, ne jamais tout prendre au pied de la lettre. Eux-mêmes ne maîtrisent pas tout, ça doit être ça l’inspiration. La belle écriture a en effet le don de secouer nos émotions pour mieux les remettre en ordre, de réajuster sans certitude, mais avec une montagne d’amour ou de détestation, notre regard sur nos terres chéries, de nous pousser dans les retranchements de nos idées reçues pour mieux en sortir.
Le privilège de l’auteur, sous couvert de son talent, c’est de conduire son lecteur là où il veut l’emmener, y compris sur des chemins de traverse. Il transporte et séduit les esprits au gré de sa volonté, à la mesure de son habileté. Dès lors, jouissons de ces pages extraites de leur contexte, livrées en l’état, sans remise en perspective, libres d’interprétation. Régalons nous du vocabulaire exagérément riche mais tellement troublant du poète Aloysius Bertrand. Saluons le courage militant de l’inspecteur des Monuments historiques, Prosper Mérimée, plaidant pour le sauvetage de Vézelay. Laissons-nous emporter par le lyrisme d’un Michelot stigmatisant une Bourgogne plus douée à l’oral que dans ses actes. Mais, en toute circonstance, rappelons-nous qu’une région aussi inspirante que celle-là ne peut-être qu’une région fascinante à vivre, riche et inépuisable de surprises. Sur ce, bien bel été bourguignon les amis.
”
Dominique Bruillot
AU SOMMAIRE
Christophe Zounia déclare sa flamme à
la mystérieuse nature morvandelle.
14
promeneurs, pêcheurs, cyclistes et autres petits curieux se parcourt depuis Méluzien, en amont d’Avallon, jusqu’à
la Cure. Suivez notre périple au fil de la rivière, sur les marches du Morvan, là où art de vivre et patrimoine se fondent à merveille dans
l’environnement.
20
dégustés par une tablée de fins palais, au astelde-Très-Girard. L’établissement de la Côte de Nuits au millier de références était tout trouvé pour l’occasion. Au nom du pinot noir et du cochon.
à Auxerre ou des
souvenirs d’enfance en Puisaye… D’Apollinaire à d’Ormesson, la Bourgogne a inspiré les
grands écrivains à travers les siècles. Sélection de leurs
écrits bourguignons par une référence bien de chez nous, Bernard Lecomte.
Le volatile est l’emblème de Dijon par excellence et suscite tous les fantasmes car la part de mystère reste entière. Bertrand Carlier a longuement enquêté et publie un livre sur la chose. C’est passionnant.