#57
AVRIL 2018
L'ÉDITO
Il est difficile d’avoir à la fois le beurre, l’argent du beurre et la crémière qui va avec. Traduction : avoir un vrai goût de terroir, une allure de village et en même temps les avantages d’une grande agglomération (dijonnaise en l’occurrence) qui avale le foncier avec un appétit d’ogre.
Depuis que Dijon annonce solennellement son plein retour à ses origines viticoles et gastronomiques, jusqu’à en faire une marque de fabrique, on se dit que la raison l’emportera et que nos paysages devraient y gagner. Ce qui serait la moindre des choses alors que l’appellation Marsannay, 30 ans et toutes ses dents, ne cesse de progresser avec la promesse imminente d’une accession aux premiers crus.
Dans une certaine mesure, toutes proportions gardées, on peut parler de choc des civilisations. Il suffit de rencontrer le maire de Marsannay-la-Côte, pour prendre la mesure de la démesure de la problématique d’une commune de 5 000 habitants tiraillée entre ses origines agricoles, son devoir social et sa résistance à une urbanisation galopante.
D’une toute autre façon, Autun est confrontée à une situation du même acabit. La belle ville saône-et-loirienne a gardé de son prestigieux passé gallo-romain des vestiges à faire pâlir d’envie une légion toute entière. Ayant à plusieurs reprises raté le train de la modernisation dans son histoire (on pense notamment à celui de l’axe Paris-Lyon-Méditerranée), son bel air de campagne préservée devient finalement un atout pour son développement. L’art de vivre attire les nouvelles générations et, pour lier le tout, un pari très excitant s’engage autour du numérique pour faire revivre le passé en 3D et attirer les start-up.
De tout cela, René de Obaldia pourrait sûrement en rire. Récompensé par l’Académie Alphonse Allais à l’occasion du Salon de la nouvelle de Decize, le presque centenaire poète démontre que l’on peut franchir les pires épreuves de la vie, y compris les camps de la mort, sans se défaire d’une hauteur de vue et d’un grand sens de la plaisanterie. Ces deux armes sont redoutables. Puissent nos contemporains s’en inspirer pour affronter sereinement et positivement tous ces petits chocs des civilisations.
”
Dominique Bruillot
AU SOMMAIRE
Il a deux maisons : son pays et Paris. Son pays, c'est le Châtillonnais, où il revient chaque week-end dans sa demeure familiale d'Aignay-le-Duc. Producteur-animateur depuis plus d'une décennie de l'émission Carnets de Campagne sur France Inter, Philippe Bertrand est très impliqué dans la réflexion sur le devenir de la Haute Côte-d'Or via l'association La Fabrique du Millénaire.
En janvier 2018, le Conseil d'État a retoqué le schéma éolien de la Bourgogne. Les anti-éoliens, à l'origine du recours, ont salué une victoire. À y regarder de plus près, ce succès est relatif puisque la Région continue d'appuyer le développement des projets, et entend même passer à la vitesse supérieure. Décryptage.
Dans des bâtiments historiques ayant successivement abrité un hospice d'orphelines, un lycée impérial puis un lycée de jeunes filles, l'actuel collège Marcelle-Pardé est resté fidèle aux plus de 300 ans d'éducation que ses murs ont abrités. Retour sur l'histoire d'une institution dijonnaise, et sur la figure de la directrice résistante qui lui a donné son nom en 1946.
Ces climats leur ressemblent et, la plupart du temps, ils leur consacrent leur vie. Bien souvent avec une démarche bio. Michel Joly et Guilllaume Baroin ont rencontré ces vignerons emblématiques des futurs premiers crus qui vont sacraliser le marsannay. Le photographe et le journaliste livrent une jolie galerie de portraits qui sentent bon le terroir.
Litter'Halles, le salon de la nouvelle de Decize (58), remet pour la première fois un prix unique en France, récompensant une forme courte de littérature. À l'origine de ce prix, l'Académie Alphonse Allais, jamais en manque d'une plaisanterie, lui a donné le nom du poète à la carrière la plus... longue de l'histoire : René de Obaldia, 99 ans. Entretien avec une légende vivante pleine d'humilité.
Fillon l'annonce en 2009 dans le prolongement du Grenelle de l'environnement, Hollande le confirme sous sa mandature. D'aucune reprennent alors à son propos la célèbre formule de De Gaulle : "C'est quoi ce machin ?" Mais avec l'adoption récente de la troisième version de sa charte, malgré un contexte tendu, le Parc National des Forêts de Champagne et Bourgogne sort enfin du bois.
Porte du Morvan, premier site gallo-romain au nord de la Loire, ville d'art et d'histoire abritant une puissante cathédrale romane, patrie de Nicolas Rolin, ancien site minier, berceau des bas Dim et des iconiques chaises Tolix... Autun a bien des bagages dans sa chariotte. Et compte bien les valoriser à travers une démarche de reconversion entre patrimoine et tourisme vert, métiers d'arts et nouvelles technologies.
Le 29 mai 1418, il y a 600 ans, les troupes bourguignonnes de Jean sans Peur boutaient les Armagnacs hors de Paris. Pour commémorer cet anniversaire, Hervé Mouillebouche, maître de conférences en histoire médiévale à l'Université de Bourgogne, redonne vie à ce glorieux épisode de la grande Bourgogne ducale.
Le décès de Paul Bocuse, le 20 janvier dernier, à l'âge de 91 ans, a endeuillé toute une profession. L'immense chef lyonnais a marqué les chefs bourguignons, qui se souviennent de lui, de sa chaleur humaine, de son humour, et qui chérissent les précieux conseils qu'il n'hésitait pas à dispenser. Hommages gourmands.
Tournée dans l'Yonne entre 1996 et 2000, la série Une femme d'honneur a rapproché Corinne Touzet du département. D'Auxerre à Chablis en passant par son ancienne maison de Toucy, un morceau du cœur de madame la lieutenant est resté ici.