#67
HIVER 2020








ÉDITO
EN 2021, DIEU SON PATRON n’a pas donné à saint Vincent son autorisation de déplacement pour se rendre à Corpeau et Puligny-Montrachet. Son voyage est reprogrammé au millésime suivant. Pause obligatoire. Confiné dans sa maison-mère, le château du Clos de Vougeot, l’auréolé frustré a malgré tout bravé la tempête virale, faisant acte de résistance. C’est dans le cellier cistercien que s’est finalement tenu l’office traditionnel de la fin janvier. L’histoire retiendra que les tempêtes les plus violentes n’ont jamais effrayé les valeureux matelots de la Bourgogne.
Pendant ce temps-là, les usines tournent. C’est déjà ça. À défaut de ripailler et s’embrasser, tout le monde ou presque peut (doit ?) bosser. Bourgogne Magazine n’aime pas avoir du retard à l’embrayage. On a donc refait l’inventaire de notre patrimoine industriel. Et déniché, derrière les fagots (expression habituellement utilisée pour une bonne bouteille), le génie bourguignon. Loin d’être exhaustif, ce dossier sur la Bourgogne qui usine rappelle qu’une bonne idée peut changer le destin de milliers de petites mains et de millions d’utilisateurs.
Le monde ouvrier, on avait tendance à l’oublier, est un pilier de notre patrimoine. Il suffit de l’instinct d’un observateur et de l’ingéniosité d’un technicien ou d’un ingénieur pour révolutionner le genre humain. Les machines agricoles Puzenat à Bourbon-Lancy, les robots ménagers de Pierre Verdun à Montceau-les-Mines (Magimix), le marketing de la mer selon Boisseaux à Beaune (Kriter), le sens de l’étagement de Fleischel à Auxerre (boîte automatique), le don pour la production de masse de Vurpillot à Dijon (Terrot), n’en sont que quelques exemples parmi d’autres. Ces génies sont à l’industrie ce qu’un pur-sang arabe peut- être au cheval : une excellence dont on ne devine jamais les limites dans la performance.
Quitte à passer pour un cacatoès du chauvinisme, la Bourgogne est aussi une terre industrielle. Un peu comme sa voisine la Franche-Comté, que nous vous invitons à découvrir, dans la peau d’un musher, le temps d’une escapade nature à la station des Rousses, bien connues des Côte-d’Oriens et des Saône-et-Loiriens. Désormais, dans chacun de nos numéros, les lecteurs de Bourgogne Magazine auront l’occasion d’explorer une destination de notre région jumelle. En ces temps de distanciation sociale, il faut bien favoriser les rapprochements. N’est-ce pas saint Vincent ?
SOMMAIRE

DOSSIER
INDUSTRIE
Sortons des clichés d’une Bourgogne enfermée dans ses prétentions viticoles, ses escapades savoureuses et patrimoniales, son charisme spirituel entre Cluny et Cîteaux. L’industrie est un pan essentiel de l’identité territoriale. Créative, inventive à la chaîne, la Bourgogne qui usine rivalise de génie. Des pellicules Kodak (Chalon) aux aventures maritimes des bateaux Kriter (Beaune) en passant par feue la puissante machine Terrot (Dijon), les pédales Look (Nevers) ou encore l’invention du robot ménager Magimix (Montceau), bienvenue dans un univers de labeur qui, d’une certaine façon, a changé la face du monde.

L'HUMAIN
EN 3x8
Aux frontières du Creusot et du Morvan, Raymond Rochette (1906-1993) restera à jamais le grand témoin de l’entremêlement de la nature et de l’usine. Son œuvre est essentiel. L’ouvrier face à l’immensité du théâtre industriel est au cœur de son propos. Redécouverte, avec sa fille, d’un peintre aussi productif que sensible, profondément humain et territorial.

PAROLES
DE GUEULES NOIRES
L’immigration polonaise est constitutive de l’histoire de La Machine. Si les relations n’ont pas toujours été au beau fixe avec les Nivernais, la cité houillère revendique aujourd’hui ce patrimoine humain qui fait son identité. À l’image d’Edmond Marciniak et de Théophile Urbanowski, les descendants des mineurs polonais conservent la fierté de leurs origines et du labeur enduré.

PATRIMOINE
(PAS QUE)
DE FAÇADE
Son envergure est unique, son histoire aussi. Promise à une transformation immobilière spectaculaire, dont seuls les contours ont été dévoilés pour l’instant, l’ancienne usine Terrot est un des rares vestiges industriels de Dijon. Les vieux motards (que jamais !) lui vouent quasiment un culte, la marque ayant été le constructeur numéro 1 en France dans les années 30. Sa façade Art déco n’est donc pas le seul et unique trésor patrimonial...

PAR AMOUR
DU VERRE
Dans les années 30, à Dijon, le génial Raymond Sachot fait décoller Amora avec une innovation marketing qui parait aujourd’hui évidente : remplacer les pots à moutarde en grès par des verres réutilisables. Trois générations de consommateurs plus tard, la petite marque dijonnaise a
« piqué » tous les foyers français, où ses verres décorés se rangent comme des madeleines de Proust.

L'AVENIR EST
SUR LES RAILS
Natif de Dijon, le journaliste Philippe Duley a grandi dans l’univers cheminot du quartier des Bourroches. Pour Bourgogne Magazine, il revient sur les traces de son enfance, entre les ateliers de Perrigny et la gare de triage de Gevrey, au berceau d’une vocation ferroviaire historique née avec la ligne PLM.

HISTOIRE
D'UN MAITRE
À PANSER
Ses innovations ont toujours été servies par d'habiles coups de pub, à l'image du slogan « Il y a de l’Urgo dans l’air, il y a de l’air dans Urgo ». La marque de pansements Urgo a révélé l'expertise des laboratoires Fournier, fleuron de l’industrie dijonnaise fondé en 1880. Et la petite entreprise familiale, elle, est devenue une référence mondiale de la parapharmacie.

QUAND BEAUNE
METTAIT LES VOILES
Du début des années 70 à la fin des années 80, la capitale des bourgognes fut le port d’attache des voiliers Kriter grâce au visionnaire André Boisseaux. Une pétillante histoire de skippers, d’ingénieux sponsoring et de courses au grand large ayant fait voguer les effervescents du producteur beaunois sous toutes les latitudes.

CLIC, CLAC,
CHALON
L’immense usine Kodak a longtemps imprimé son image sur la ville de Chalon-sur-Saône, jusqu’à sa brutale fermeture en 2006. L’aventure industrielle ne s’est cependant pas arrêtée là, grâce à l’action conjointe de la ville et de l’entreprise américaine. Retour sur une épopée photographique et humaine.

FORGERONS
TOUJOURS
Gueugnon, cité de foot et d’usine, est devenue un leader mondial de l’acier inoxydable. Dès le XVIIIe siècle, les forges ont marqué au fer rouge ce coin paisible de Saône-et-Loire. L’acier a fait vivre la ville et s’inscrit aujourd’hui encore dans une belle dynamique industrielle.

SUR LES
RAILS DE L'EXCELLENCE
Le pôle national de conception, réalisation et maintenance des engins de travaux ferroviaires est bourguignon. Sur l’ancien bassin minier, l’arrivée en 2011 de la grappe d’entreprises Mecateamcluster puis l’implantation de leur halle expérimentale en 2018 ont mis sur
les bons rails tout un territoire.

LE ROBOT
CULINAIRE EST BOURGUIGNON
Seb et sa cocotte-minute n’ont pas l’apanage des inventions de l’électroménager de dimension mondiale en Bourgogne. Le robot culinaire haut de gamme, connu chez les professionnels sous le nom de Robot Coupe et dans les foyers sous celui de Magimix, a vu le jour à Montceau-les-Mines, en Saône-et-Loire. Édouard de Jenlis, représentant de la famille actionnaire de Robot Coupe, et le directeur du site Jean-Marie Lozano soulèvent le couvercle d’une marmite pleine de succès.

MONDRIAN
MOUILLE LE
MAILLOT
C’est en partie grâce à son logo inspiré d’une toile du peintre Piet Mondrian que Look Cycle est entrée dans la course industrielle au milieu des années 1980. Un logo emblématique emprunté à l’équipe cycliste La Vie Claire et qui, combiné aux innovations, a fait le succès de l’entreprise neversoise spécialisée dans les pédales automatiques et les cadres de vélo en fibre carbone.

RÉVOLUTION
DES CHAMPS
Cité thermale, Bourbon-Lancy est aussi celle du machinisme agricole. Aujourd’hui, la petite ville de Saône-et-Loire abrite l’usine FPT, filiale de Fiat et plus important employeur privé du département. À l’emplacement même de la manufacture Puzenat, dont Émile, le patriarche autodidacte, a construit la réputation au XIXe siècle, dans les champs et à l’international.

DOSSIER
COCHON
Avec le retour en grâce (et en gras !) de l’élevage de plein air, des espèces traditionnelles et de la cuisine bistronomique, le cochon retrouve la cote. Dans les esprits autant que dans les fermes et les cuisines. Éleveur, charcutier ou cuisinier, nous sommes partis à la rencontre de quelques activistes de la bonne chaire pour en savoir plus sur cette renaissance porcine, dans le Morvan en particulier.

MANGALICA,
PORC
D'ATTACHE
Ses petites fesses terminent un corps rempli de (bon) gras. Il a le groin dans la boue, prend son temps pour grossir et nécessite une attention particulière. Croisement improbable entre le sanglier, le cochon et le mouton, porcin rustique et laineux d’origine hongroise, le Mangalica est à la charcuterie ce que la Rolex est à la montre. Bonne nouvelle, il établit son siège français à La Celle-en-Morvan, chez Thomas Dunoyer.

"LARD"
DE FAIRE L'ANDOUILLE
Damien Léger et Mikaël Claudin, c’est la belle histoire de deux gamins icaunais issus d’un club de judo, réunis plus tard chez le même maître-charcutier. Sous l’excellente enseigne Aux Petits Cochons à Sens, ils partagent désormais une affaire qui roule et le goût de la charcuterie faite dans les règles de l’artisanat. Ici, savoir faire l’andouille est une affaire on ne peut plus sérieuse...

IL ÉLÈVE, ELLE TRANSFORME
Installé il y a tout juste un an à Charrin (Nièvre), le laboratoire
de transformation « Les cochonnailles de Karine » pratique la vente directe de porcs d’Auvergne. Une filière en circuit court et familial, où Karine Léon met en valeur la viande des porcs élevés en plein air par
son compagnon Quentin Aurousseau.

LES PETITS
SECRETS DE
LA MOUSSE
Bulles fines, puissance aromatique, tempérament de fête ou de gastronomie : le crémant de Bourgogne sait séduire. Mais que ce vin exige de technicité et d’excellence pour donner le meilleur de lui-même. La Cave de Lugny, en Saône-et-Loire, dévoile les mystères de la mousse qui « prend » à la fin de l’hiver.

NOS BELLES ANNÉES
SAINT-VINCENT
Notre revue a régulièrement consacré d’importants dossiers aux villages organisateurs de la Saint- Vincent tournante, surtout lorsqu’ils s’inscrivent dans le respect de l’esprit originel de l’événement. Avec une couverture spéciale dédiée, qui contribue à en laisser une trace durable dans les esprits, bien au-delà du rendez-vous de la fin janvier. Petit retour sur nos belles éditions à nous, de 2011 à 2019, qui replacent l’église au milieu du village viticole et Bourgogne Magazine au cœur de l’événement...

LES ROUSSES, STATION
AVENTURE
Elevage de comté dans les entrailles du fort des Rousses, patrimoine lié au ski, escapades enneigées et Arbézie : notre dossier spécial sur l'une des plus anciennes stations de montagne françaises. 20 pages de pur plaisir chez notre voisin comtois !
